dimanche 17 février 2013

Une laïcité ouverte (3)


(Ceci est la troisième partie d'une série d'articles à propos du concept de laïcité ouverte. Afin de lire la deuxième partie, cliquez ici.) 
Des problématiques concrètes
Selon la définition – et les applications concrètes – que nous donnons à la laïcité, nous risquons d'imposer un fardeau extrêmement lourd à certains des citoyens français. En guise d'exemple, voici un nombre limité de situations dans lesquelles il n'est pas toujours facile de différencier entre les accommodements raisonnables et ceux qui ne le sont pas :
  • Un responsable d'entreprise peut-il licencier un de ses employés juifs qui ne peut pas travailler le samedi pour respecter le chabath ?
  • Un responsable d'entreprise peut-il licencier un de ses employés chrétien qui ne peut pas travailler le dimanche ?
  • Un employé juif peut-il exiger d'être remboursé par son employeur pour avoir pris un jour de congé le Yom Kippour ?
  • Un policier sikh peut-il être autorisé à porter le turban pendant ses heures de travail ?
  • Une école musulmane peut-elle obliger son personnel enseignant féminin à porter le voile ? Dans l'affirmative, cette obligation doit-elle concerner seulement les enseignantes musulmanes ou peut-elle s'appliquer également à celles qui ne le sont pas ?
  • Des élèves musulmans peuvent-ils être exemptés de cours de musique obligatoires, la pratique de certains instrument de musique étant proscrite selon une certaine interprétation du Coran ?
  • Un médecin peut-il pratiquer une transfusion sanguine sur un enfant dont les parents sont témoins de Jéhovah et s'opposent à une telle pratique ?
  • Les femmes musulmanes peuvent-elles voter en gardant leur voile ?


Parmi cette liste, il n'est plus possible d'ajouter la possibilité pour une femme musulmane de porter le voile dans une école dans la mesure où la loi l'interdit. Pourtant, certains estiment qu'il s'agit d'une injustice.
Une démocratie authentique
Le plus souvent, les lois et les règlements sont pensés et rédigés en fonction de la majorité. Dans certains cas, une loi peut entraîner un préjudice pour une personne ou une catégorie de personnes. C'est pour remédier à cet inconvénient que nous devons aborder la laïcité comme ouverte, c'est-à-dire que sa défense ne doit pas être la source d'une discrimination pour certaines personnes.
Cette approche met en exergue l'égalité pour tous mais en tenant compte des différences. Une démocratie digne de ce nom ne fait pas que s'intéresser à la majorité de ses citoyens. Plutôt, elle accorde un soin encore plus grand à respecter les différentes minorités qui la compose. C'est ce critère qui permet de juger de la véritable qualité d'une démocratie.
Il est tout à fait normal que la loi protège les femmes enceintes, les handicapés, les personnes d'une couleur de peau qui n'est pas celle de la majorité... Dans tous ces cas, le législateur visait l'égalité pour tous, mais savait qu'il fallait la protéger par une loi spécifique à chaque situation. Notons que cette obligation d'accommodement ne se fait jamais au détriment d'autres personnes ; en d'autres termes : le droit d'une personne ne doit pas porter atteinte au droit d'une autre. C'est ce souci d'harmonisation qui doit être constant à notre esprit.
Des critiques négatives
La laïcité ouverte que nous défendons est souvent dénoncée par des arguments qui ne devraient pas être entendus dans un débat public et une démocratie authentique. Les exemples qui suivent sont seulement un échantillon de ce type d'arguments négatifs :
  • Vouloir satisfaire les demandes d'accommodements est impossible car cela nous place dans une situation incontrôlable : celle dans laquelle où tout devrait être accordé.
  • Le processus est à sens unique : c'est toujours la majorité qui doit plier et la minorité qui doit imposer ses choix.
  • Ne pas accepter les normes françaises est faire preuve d'intolérance et d'intransigeance.
  • Ces demandes démontrent une absence de volonté de s'intégrer et le rejet des normes de notre société.
  • Les accommodements mettent en péril notre culture et les fondements de la société française.
  • À cause de religions archaïques, on remet en question le principe d'égalité hommes-femmes, la laïcité de notre pays, alors que la religion devrait être réservée à la sphère privée.
  • Nos valeurs fondamentales sont mises en danger.
  • En tout accordant, nous ouvrons les portes au fondamentalisme et nous laissons intimider.
  • Avec ces demandes, c'est notre humiliation que ces personnes attendent.
Il suffit de lire les échanges au sein de forums et autres débats publics pour révéler la similitude des arguments contre la laïcité ouverte et le rapprochement avec les arguments entendus contre les immigrés et qui proviennent de l'extrême-droite.

3 commentaires:

  1. Vous justifiez pleinement la LAICITE( adjectivée par vous pour la mutiler) régie par LA Loi du 9 décembre 1905 ,dite de SEPARATION des églises(toutes les religions)et de l'Etat et la volonté de l'étendre à TOUT le SOL Français,en abrogeant le "concordat Alsace-Moselle"...
    quand je lis,en bas de votre...article :"à suivre"(!!), je me dis que les sectes (vous avez un raisonnement sectaire) comme tout ce qui est affaire de "communication"( et pas de raisonnement) ont encore "de beaux jours"(comme on dit).
    C'est vous qui faites le Jeu de l'extrême droite en étant complice(s )de l'"islam modéré" qui n'est rien d'autre que l'"Islam Politique"(TRamadan UOIF etc...) ... vous menez,en somme le "Même combat "que Frigide Barjot et la Droite extrême!

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  2. La LAICITE ne s'adjective pas ...sinon ce n'est plus la Laïcité qui doit rester synonyme de LIBERTE de CONSCIENCE(à ne pas réduire à la seule "liberté religieuse")...

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