jeudi 8 novembre 2012

Ma station-service palestinienne (2)


Après la publication du premier article de « Ma station-service palestinienne », la lecture des commentaires et de certains messages privés que j'ai reçus, je désire préciser mes intentions en partageant avec les lecteurs de Médiapart ce qui sera dit dans cette série.
Ma volonté est double :
  1. Montrer qu’au-delà du conflit qui existe entre les israéliens et les palestiniens, l'immense majorité des membres de ces deux groupes vit « en bon voisinage », c'est-à-dire que les uns et les autres communiquent entre eux et que sur le terrain, on ne sent pas réellement une forme de « séparation » comme on pourrait le penser à l'écoute des médias. En d'autres termes : la vie continue et le plus souvent, l'animosité est absente dans les rapports sociaux.
  2. Un grand nombre de palestiniens ne se sentent pas vraiment concernés par le conflit ou en tout cas, pas autant qu'on pourrait le penser. Cela peut être comparé à toutes les personnes qui se sentent exclues des questions politiques dans leur pays (par exemple en France) et qui ne prêtent qu'une attention éloignée aux discours politiques.


Ayant dit cela, je ne me prononce pas sur le conflit israélo-palestinien dans le cadre de cette série. Ce qui m'intéresse est de partager ce que peu de personnes voient et connaissent. Combien de lecteurs de Médiapart ont rencontré et parlé à des palestiniens et-ou des juifs israéliens ? De plus, si je fais référence aux simples citoyens qui vivent en Israël et en Cisjordanie et que j'exclue les représentants de groupes de pression (d'un côté ou de l'autre), je ne suis pas certain de pouvoir réunir un grand nombre de lecteurs.
Avant de venir passer la moitié de mon temps en Israël pour cause de travail, je n'avais jamais rencontré de palestiniens, ni de juifs israéliens. Leur voix, je l'avais entendu dans les journaux télévisés et autres médias que nous écoutons ou lisons. Pourtant, la parole n'est jamais donnée à ceux qui n'ont pas à parler du conflit ; ce sont ces gens-là que j'ai rencontrés et que je rencontre tous les jours où je suis en Israël.
S'il peut exister des différences significatives entre les israéliens juifs qui vivent en Israël-même et ceux qui vivent dans les territoires occupés, on retrouve la même différence en ce qui concerne les palestiniens israéliens et les palestiniens qui résident dans les territoires occupés. Dans les deux cas, leurs discours est quelque chose qu'il ne m'avait pas été donné d'entendre auparavant et pourtant si riche d'enseignement.
Parler de la vie, sans forcément parler du conflit, c'est ce que je fais avec les palestiniens depuis maintenant plusieurs années. Si mon discours dérange certains, c'est principalement parmi les « ultras » des militants de la cause palestinienne qu'on les trouve. Pour eux, l'antisémitisme est un compagnon de route jamais très éloigné de leur « lutte pour la bonne cause. »
Ainsi, parler d'une façon qui pourrait faire croire d'une part, que l'État d'Israël n'est pas l'État raciste, accusé de crimes contre l'humanité, de nettoyage ethnique qu'ils inventent... et d'autre part, que les palestiniens ne pensent pas toujours le plus grand mal de l'État juif est trop demander à ces militants d'un autre âge. Pourtant sur le terrain, la réalité ne ressemble pas à une situation qu'il est possible de décrire toute en noir ou toute en blanc.
Parce que ce que je vois et entends chaque jour n'est pas ce que je vois et entends dans les médias, je me sens privilégié. Parce que je milite pour que l'État d'Israël respecte les recommandations de l'ONU et pour que les dirigeants palestiniens placent l'intérêt de leur population avant le leur, je me sens aussi proche de la majorité des juifs israéliens et des palestiniens (israéliens ou pas) que je rencontre.    
À suivre...

1 commentaire:

  1. J'ai beaucoup apprécié cette article,et encore
    bravo pour le rédacteur,avec ma femme nous avons
    même rit. walérian

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