mercredi 6 mars 2013

Stéphane Hessel : quelques précisions


Stéphane Hessel : la déconstruction 

On atteint rarement le statut de « grand homme » avec une seule prouesse. Plutôt, c'est le plus souvent une combinaison de faits, de déclarations, d'idées... qui propulsent un personnage à un niveau extrêmement élevé d'appréciations élogieuses. Stéphane Hessel n'avait pas fait exception : sa vie – telle qu'il l'a souvent présentée – était un mélange savoureux de réalités, mais également d'exagérations et de tromperies. Si j'ai manqué de respect à Stéphane Hessel le jour de sa mort, c'est qu'il avait – selon moi – dépassé maintes fois les limites acceptables que nous devons imposer aux hommes publics.

Co-rédacteur de la Déclaration universelle des droits de l'homme ?

Dans ses mémoires publiées en 1997 sous le titre « Danse avec le siècle », Stéphane Hessel écrit à plusieurs reprises qu'il a eu « pour privilège de participer à la rédaction (…) de la charte des droits de l'homme » et qu'il a été « associé à la rédaction » de cette charte. « Participer » et « être associé » signifie avoir contribué d'une façon significative à un événement. C'est certainement en se basant sur ses déclarations que Stéphane Hessel était régulièrement présenté dans les médias comme le « co-rédacteur » de la Déclaration universelle des droits de l'homme. Pourtant, il en est rien.

C'est Stéphane Hessel qui l'admet lui-même en disant en 2008 que lors de la rédaction de la charte, il « assistai(t) aux séances et écoutai(t) ce qu'on disait, mais (qu'il n'a) pas rédigé la Déclaration. » Ainsi, il n'a jamais été co-rédacteur de ce document, mais témoin de sa rédaction. La différence pourrait sembler peu importante si : 1) les médias n'avaient pas continué à présenter Stéphane Hessel comme co-rédacteur, même après sa mise au point et 2) si monsieur Hessel avait rectifié chaque journaliste qui l'a présenté de la sorte.
Plus surprenant, en 2010, lors de la publication de « Indignez-vous » il écrit qu'il a « participé à la rédaction de cette déclaration. » Pour quelle raison Stéphane Hessel reprend à son compte une présentation trompeuse, flatteuse et mensongère ?

Au cours de sa brève mais intense présence dans les médias, Stéphane Hessel a était presque chaque fois présenté comme le co-rédacteur de la charte. Je ne l'ai pas entendu une seule fois reprendre un journaliste afin de lui signaler son erreur. En même temps, le statut moral de Stéphane Hessel s'élevait chaque fois un peu plus et son image de co-rédacteur lui donnait une dimension particulière dans les débats publics. Pourtant, il aurait été facile de rectifier la vérité et de ne pas se laisser accorder un statut qui n'a jamais existé. (Lire ici l'article de Claude Moisy, ancien PDG de l'AFP.)

Le rôle des Juifs dans l'explication de l'antisémitisme

Afin d'expliquer l'antisémitisme, Stéphane Hessel a dit : « (L'antisémitisme s'explique par le fait que) dans la tradition juive, les Juifs ne sont pas comme les autres. Par exemple, les Juifs n'aiment pas que leurs enfants épousent des non-juifs. C'est une réalité dans le monde juif, depuis toujours. » (On peut écouter la vidéo ici.) Selon Monsieur Hessel, c'est cette volonté de ne pas s'assimiler qui explique l'antisémitisme.

L'indignation qui serait la mienne si j'entendais les premiers arguments que j'ai cité en exemple est la même en entendant monsieur Hessel expliquer les pogroms, la Shoah et le meurtre des Juifs – depuis des millénaires – par le comportement... des Juifs. Pour quelle raison devrais-je donner un blanc-seing à une personne qui manifestement est insultante pour des millions de victimes ?

Que dirions-nous d'une personne qui commenterait un crime odieux et qui tenterait de l'expliquer en mettant en cause... la victime ? Par exemple : pourrait-on admettre une déclaration dans laquelle il serait dit qu'une femme qui aurait été violée serait en partie fautive car elle portait une mini-jupe ? Également, pourrait-on accepter d'entendre que les victimes de Mohammed Merah étaient en partie fautives car elles avaient choisi d'être inscrites dans une école confessionnelle juive ? Ceci est compris par tous : la victime reste la victime et l'accusé doit être responsable de ses actes.

De plus, Stéphane Hessel se trompe (dans la vidéo) en prétendant que les Juifs ne se marient qu'entre eux. De fait, la majorité des Juifs se marient avec des personnes qui ne le sont pas. De plus, lorsque des Juifs sont pratiquants, peut-on s'étonner qu'ils désirent se marier avec d'autres Juifs ? Un Chrétien ou un Musulman qui désire fonder un foyer sur les bases de sa religion peut-il se marier avec une personne qui n'en fait pas partie ?



L'occupation inoffensive des Allemands

En janvier 2011, dans le journal allemand Frankfurter Allgemeine Zeitung, Stéphane Hessel déclara : « L’occupation allemande était, si on la compare par exemple avec l’occupation actuelle de la Palestine par les Israéliens, une occupation relativement inoffensive, abstraction faite d’éléments d’exception comme les incarcérations, les internements et les exécutions, ainsi que le vol d’œuvres d’art. Tout cela était terrible. Mais il s’agissait d’une politique d’occupation qui voulait agir positivement et de ce fait nous rendait à nous, résistants, le travail si difficile. » Les bras nous tombent.

Les erreurs de jugement de Stéphane Hessel sont tellement grossières qu'elles ne peuvent pas être mises sur le compte d'une simple méconnaissance historique. Comparer l'occupation allemande avec la présence militaire israélienne en Cisjordanie défie toute logique. L'occupation allemande fut marquée par une violence inouïe contre ses opposants politiques – c'est-à-dire leur élimination physique – et le meurtre de six millions de Juifs.

Les opposants palestiniens à la politique de l'État d'Israël sont nombreux ; certains sont même élus au Parlement israélien ! Il n'a jamais été question de faire disparaître le peuple palestinien d'Israël et le million de Palestiniens qui vivent en Israël en sont la preuve vivante. De plus, prétendre que l'occupation allemande a été « relativement inoffensive » est une insulte pour les résistants français. Certes, Stéphane Hessel a été pendant trois mois de sa vie résistant en France, mais comment pouvait-il se tromper de la sorte à propos de la nature des nazis ?

D'autre part, il est tout de même bien de ne pas oublier que Jean-Marie Le Pen fut condamné en 2009 par la cour d'appel de Paris pour complicité de contestation de crimes contre l'humanité pour la déclaration suivante : « En France du moins, l'Occupation allemande n'a pas été particulièrement inhumaine, même s'il y eut des bavures, inévitables dans un pays de 550.000 kilomètres carrés. » Troublante similitude. Si un discours est honteux dans la bouche de l'un, pour quelle raison ne devrait-il pas l'être dans la bouche de l'autre ?

Le conflit israélo-palestinien

Sans doute, l'opposition que l'on peut formuler contre l'élévation de Stéphane Hessel au statut de « grand sage » qui devrait être admis au Panthéon est la plus forte en ce qui concerne ce qu'il a dit du conflit israélo-palestinien. S'il est évident que des critiques peuvent et doivent être prononcées à l'encontre de l'État d'Israël – comme cela est le cas pour chaque pays – ce sont la distorsion de la vérité et la vision à sens unique du conflit de monsieur Hessel qui sont à condamner.

Dans « Indignez-vous », les oublis, les raccourcis faciles et les contre-vérités abondent à ce sujet. En voici deux exemples :

- Stéphane Hessel trouve en le rapport Goldstone une « source même d'indignation ». De fait, dans ce rapport de septembre 2009, il est écrit que des « actes assimilables à des crimes de guerre et peut-être, dans certaines circonstances, à des crimes contre l'humanité » ont été commis par l'armée israélienne. On comprendrait l'indignation de monsieur Hessel si : 1) elle était également dirigée contre le Hamas qui a été accusé de la même façon dans ce rapport et 2) si le juge Richard Goldstone n'était pas revenu sur sa décision et écrit dans le Washington Post daté du 2 avril 2011 que « même si les informations (fournies) par les autorités israéliennes depuis la date de publication de notre rapport ne réparent pas les pertes humaines, je regrette que notre mission d'enquête n'ait pas disposé de telles informations qui expliquaient les conditions dans lesquelles des civils avait été ciblés à Gaza. Certainement, cela aurait modifié notre conclusion à l'encontre des crimes de guerre. »

Ainsi, Stéphane Hessel s'était indigné contre une seule des parties engagées, mêmes si les deux avaient été accusées des mêmes crimes. De plus, l'ironie est que le juge est revenu sur sa décision en ce qui concerne Israël... et pas le Hamas ! Pourtant, monsieur Hessel ne s'est pas indigné dans ce cas-là. (On peut lire plus d'information à propos du rapport Goldtsone et de la façon dont on lui fait dire son contraire ici.)

- « Je pense bien évidemment que le terrorisme est inacceptable, mais il faut reconnaître que lorsque l'on est occupé avec des moyens militaires infiniment supérieurs aux vôtres, la réaction populaire ne peut pas être que non-violente. (…) On peut expliquer ce geste par l'exaspération des Gazaouis.  (…) Alors, on peut se dire que le terrorisme est une forme d'exaspération.» Lorsque l'horreur est définie comme une forme d'exaspération, on dépasse les limites du respect qu'on est en droit de recevoir de ses semblables. »

Récemment, à la question « Que ferez-vous si vous rencontrez des terroristes » lors de l'opération française au Mali, le président Hollande a répondu sans le moindre doute : « Nous les tuerons. » Voilà au moins une attitude sans équivoque à l'encontre du terrorisme. Il est inadmissible de trouver des explications qui ne nous font pas condamner les terroristes et les horreurs qu'ils commettent. Le terrorisme est immoral, peu importe qui le commet et la cause qu'il est censé défendre. Il ne peut y avoir aucune exception à cette règle.




Apparemment, Monsieur Hessel n'avait pas été suffisamment indigné par le terrorisme organisé par le Hamas pour aller serrer la main d'Ismaël Haniyeh. Pourtant, ce triste personnage ne reconnaît pas le droit des Juifs de vivre en Israël et la charte de son organisation met en première ligne l'obligation de tuer tous les Juifs. Quelle indignation sélective de la part du vieil homme décédé ! Serait-il resté silencieux si la loi de l'État hébreu proclamait qu'il faut tuer les Palestiniens ?

Stéphane Hessel : Juif ou pas ?

Dans son livre « Citoyen sans frontières », Stéphane Hessel l'a dit sans détour : « Je ne me considère pas comme Juif. » Pourtant, c'est régulièrement qu'il rappelait ses origines juives et il avait même déclaré qu'il était « à moitié juif. » Certes, ses arrière-grands-parents paternels étaient Juifs ; cependant, trois générations plus tard, on comprend les raisons pour lesquelles un individu ne se sentirait pas Juif.
Ainsi, pour quelle raison monsieur Hessel s'estimait-il obligé de voiler – une fois de plus – la simple vérité ? À chaque rappel de ses « origines juives », il devait certainement vouloir s'affranchir d'accusation d'antisémitisme. De fait, cette attitude est habituelle chez les antisémites qui rétorquent : « Comment pouvez-vous m'accuser d'antisémitisme : mon meilleur ami est Juif ! »

Cette attitude de Stéphane Hessel à propos de sa prétendue judaïté est à l'image de son discours public : toujours fuyant, tordant le cou à la vérité, insultant pour les Juifs... J'admets sans peine que mon jugement à l'encontre de ce monsieur est sévère. J'en ai expliqué les raisons dans cet article.
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mercredi 27 février 2013

Le serpent est mort


Ce matin, le serpent qui était dans mon jardin est mort. Cela faisait déjà bien longtemps qu'il aurait dû disparaître de ce monde. Il était vicieux, rusé et incurable. Il lâchait son venin chaque fois qu'on lui en laissait l'occasion et sa méchanceté faisait peur à voir. 


Ce serpent était bien vieux. Sans doute, ne savait-il plus trop ce qu'il faisait, mais je n'en suis pas certain. Je l'avais vu quelques fois et ses yeux respiraient la haine.
Aujourd'hui, je marcherai l'esprit plus tranquille dans mon jardin. Il fait beau, le soleil brille et la journée est idéale pour un barbecue entre amis.
Quelle belle journée décidément !
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lundi 25 février 2013

La vertu des principes


S'il fallait énumérer les arguments qui ont été avancés en faveur du mariage pour les homosexuels, la liste serait certainement très longue. Pourtant, les deux principaux qui ont été cités sont sans doute l'égalité pour tous et l'absence d'atteinte aux droits d'autrui.
Égalité pour tous
La lutte pour l'égalité a été le sceau d'empreinte des partisans du mariage pour les homosexuels. « Il est injuste de refuser à certains (les homosexuels) ce qui est offert aux autres (les hétérosexuels). » Considérée sous cet angle, l'opposition au mariage pour les homosexuels était dénoncée comme contraire aux droits de l'homme et les partisans de cette opposition ont souvent été qualifiés de ringards et de réactionnaires.


Cette égalité pour tous a été présentée comme la volonté de libérer des citoyens de seconde zone et de supprimer les causes d'un ostracisme qui n'était pas digne de la France. Pays des Lumières et des Droits de l'homme, on se demandait de quelle façon certains Français pouvait s'opposer à une telle loi. De fait, le débat semblait tellement irréaliste qu'il a été rarement de mise. « Comment peut-on discuter avec des extrémistes ? »
Absence d'atteinte aux droits d'autrui
Le deuxième argument principal était celui de l'absence d'atteinte aux droits des personnes qui ne sont pas concernées par ce changement de la loi. En d'autres termes, en accordant le mariage aux homosexuels, on ne retire rien aux hétérosexuels. Partant, on ne comprenait pas les raisons d'une opposition de principe qui semblait être d'un autre âge.
Ajouté à l'argument de l'égalité pour tous, celui de l'absence d'atteinte aux droits d'autrui a ressemblé à un coup de massue auquel il devenait difficile de répondre. Si l'on ne retire rien aux autres, pour quelle raison pourrions-nous nous opposer au projet de loi ?
Des principes essentiels
Les deux principes que nous avons annoncés sont d'une importance capitale : l'égalité pour tous et l'absence d'atteinte aux droits d'autrui. C'est pour les mêmes principes que je m'oppose à l'interdiction du foulard musulman dans les écoles françaises.
L'école est une obligation pour tous. L'enseignement est une chose trop importante pour en exclure une catégorie de citoyens. L'égalité pour tous doit concerner l'éducation et pas seulement le mariage. Les risques d'enfermer des individus dans une catégorie de citoyens de seconde classe doivent être combattus avec la même force, pour les homosexuels comme pour les étudiants.
En laissant les Musulmanes croyantes entrer dans les écoles françaises, on n'ôte rien aux autres Français. Ceux qui allaient déjà à l'école pourront évidemment continuer à y aller. D'aucune façon, les droits des étudiants ne seront atteints par le fait que certains d'entre eux portent un foulard.
Si rien n'est enlevé à la majorité, nous ne possédons aucune raison pour interdire nos écoles à une minorité. Nous devons être aussi pointilleux et intransigeants à défendre les droits de la jeunesse française que celle d'une communauté que son orientation sexuelle rend différente de la majorité. Si nous possédons des principes pour les uns, nous devons les posséder pour les autres.
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jeudi 21 février 2013

Israël : négociations pour la formation d'un gouvernement


Depuis les élections législatives du 22 janvier en Israël, l'intérêt des médias pour les négociations qui doivent permettre la formation d'un gouvernement s'est évaporé. Sans doute, les journalistes attendent qu'un gouvernement soit annoncé ; alors, les commentaires pourront reprendre à propos de sa composition, de ses objectifs... Pourtant, si nous suivions de plus près cette période, nous pourrions en tirer deux enseignements importants : le premier pour la France et qui concerne le mode de scrutin de la proportionnelle intégrale ; le second pour Israël et les intentions réelles du premier ministre israélien actuel et sans doute futur : Benyamin Netanyahou.
La proportionnelle intégrale
En comparant les résultats des élections législatives française et israélienne, on peut apprécier à sa juste valeur l'impact de la proportionnelle intégrale.
Le Parti socialiste et le parti du Likoud ont obtenu des résultats à peu près semblables : 29.35% des votes au premier tour pour le premier et 23.32% pour le second. En absence de scrutin proportionnel en France, cela a permis au Parti socialiste d'obtenir 48.53% des sièges. D'autre part, en Israël qui possède un mode de proportionnelle intégral, le Likoud a obtenu seulement 25.8% des sièges.
Benyamin Netanyahou – chef du parti du Likoud – doit donc assembler autour de lui un nombre suffisamment important d'autres partis politiques afin d'atteindre une équipe gouvernementale dont le poids minimum représentera 61 sièges, ce qui est la majorité absolue des sièges du parlement israélien.
Ainsi, depuis le 2 février – date à laquelle le Président israélien Shimon Peres a demandé officiellement à monsieur Netanyahou de former le prochain gouvernement – le Premier ministre négocie avec chaque parti politique afin de savoir s'il pourra constituer une équipe de parlementaires qui représentera la majorité au parlement.
Imaginons que la proportionnelle intégrale existe en France. L'Assemblée nationale serait alors composée de la façon suivante :


On note immédiatement une différence majeure avec l'Assemblée nationale issue du scrutin majoritaire : non seulement le Parti socialiste ne s'approche pas de la majorité absolue à lui seul, mais l'ensemble des partis politiques de gauche ne représente que 49.30% des sièges, tandis que les partis de droite sont majoritaires avec 50.70% des sièges.
En conservant la logique du système israélien selon lequel aux lendemains d'une élection législative le président de l'État demande au responsable du parti politique le plus apte à trouver une majorité, on mesure la difficulté. François Hollande aurait sans doute demandé à Jean-François Copé – secrétaire générale de l'UMP – à former le gouvernement. De fait, la droite est majoritaire, mais seulement en comptant les voix du Front national. Ainsi, l'équation aurait simple pour la droite : gouverner avec le Front national ou... être dans l'opposition.
Si François Copé avait finalement était incapable de trouver une majorité pour gouverner, François Hollande en aurait alors confié la mission à Martine Aubry. Pour les responsables du Parti socialiste, le pari n'aurait pas été plus simple. En réunissant les partis de gauche, on obtient seulement 49.30% des sièges. Il aurait alors fallu que le Parti socialiste parviennent à convaincre un petit nombre de députés de droite à soutenir une majorité de gauche. Ensuite, les négociations auraient commencé pour tenter de former un gouvernement majoritaire qui aurait tenu compte des nombreuses tendances des différents groupes qui l'aurait composé.
On le comprend facilement : la situation aurait été beaucoup plus difficile que celle du président Hollande et du Parti socialiste dans l'assemblée issus du scrutin majoritaire. C'est pour éviter ce casse-tête qu'aucun représentant des principaux partis politiques français ne peut être favorable à la proportionnelle intégrale.
L'argument que ces responsables avancent régulièrement pour s'opposer à la proportionnelle est celle de l'instabilité qui verrait le jour suite à des élections. S'il est certain que la tâche de former un gouvernement majoritaire est plus ardue et que l'assurance de terminer son mandat aux dates prévues moins grande, il est inexact de prétendre que cette instabilité a des conséquences négatives sur la situation économique d'un pays. De fait, aucune étude sérieuse n'a pu démontrer qu'un changement fréquent de gouvernement remet en cause la santé économique d'un pays.
Ainsi, en ignorant la proportionnelle intégrale, nos représentants politiques s'assurent une formation tranquille du gouvernement (lorsqu'ils remportent les élections) et des mandats qu'ils sont persuadés de compléter. En d'autres termes, leurs conditions de travail sont meilleures de celles des politiciens qui doivent subie le scrutin de la proportionnelle intégrale. Ceci aux dépends de la population qui ne voit pas ses choix se refléter dans la composition de leur parlement.
À suivre...
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mercredi 20 février 2013

Une laïcité ouverte (4)


(Ceci est la troisième partie d'une série d'articles à propos du concept de laïcité ouverte. Afin de lire la troisième partie, cliquez ici.)
Intégrer plutôt qu'assimiler
Parvenu à ce stade de notre réflexion, nous pouvons d'une façon légitime poser la question suivante : « Pour quelle raison devons-nous prêter une oreille attentive aux demandes d'accommodements raisonnables ? » Dit autrement, nous pouvons réfléchir sur les raisons pour lesquels notre société ne devrait pas être prise et acceptée comme elle est, sans que nous soyons obligés de changer.
La raison qui nous demande d'essayer d'accéder aux demandes d'accommodements raisonnables et le respect que nous devons afficher envers tous les citoyens de notre société, peu importe leurs origines, leurs croyances, la couleur de leur peau...
Le respect mutuel est la base d'une vie sociétale dans laquelle la paix doit régner. Ici, il n'est pas question du droit de la majorité face aux minorités (ce qui est le cas, par exemple, lors d'élections), mais plutôt de l'attention que les droits de l'homme, la liberté de conscience... exigent de nous tous.
Ainsi, c'est selon une approche marquée par le compromis que nous devons aborder les demandes diverses de groupes de personnes. Il existe l'idéal et la réalité. Si tout peut être demandé, tout ne peut certainement pas être accordé. Nous avons indiqué précédemment les quatre critères principaux sur lesquels toutes les demandes doivent être étudiées et – le cas échéant – acceptées (coût raisonnable, pas de bouleversement dans le fonctionnement de l'organisme ou de l'établissement, absence d'atteinte aux droits d'autrui et absence de problèmes liés à la sécurité ou à l'ordre public.)
Nous devons toujours penser à minimiser les risques d'aliéner une personne, de marginaliser un groupe d'individus ou de tenir à l'écart certaines personnes qui composent notre société. S'il existait un seul critère pour juger de la valeur d'une démocratie, ne devrait-il pas être celui-ci : l'attention que nous portons aux minorités ? Notre objectif ne doit pas être de forcer ou d'inciter chaque citoyen à vivre selon la volonté de la majorité. Plutôt, notre fierté doit être celle d'accorder à ceux qui sont différents de cette majorité, le maximum d'attention afin qu'ils puissent développer un sentiment d'appartenance au groupe. En peu de mots : nous devons éviter les rejets catégoriques et non justifiés.
L'héritage chrétien en France
Une des raisons qui est souvent donnée pour justifier le refus d'accommodements raisonnables est la suivante : « Notre société a fonctionne de la sorte depuis des siècles, pourquoi devrions-nous changer autant de choses pour certaines personnes ? »
Pour répondre à cette question, nous devons faire référence au concept de « catho-laïcité. » Selon ce concept, la laïcité en France en est une qui prend ses racines dans le passé chrétien de ce pays et qui – sans que ses habitants s'en aperçoivent toujours – prend garde à ne pas bousculer le quotidien des Chrétiens.
De nombreux exemples peuvent être cités afin d'étayer la justesse de ce concept. Nous en citons seulement quelques uns :

  • Les jours de fêtes importants de la religion chrétienne sont fériés en France ;
  • La religion chrétienne n'impose le port d'aucun signe religieux pour les personnes ;
  • Aucun aliment est interdit dans la religion chrétienne ;
  • La mixité n'est pas proscrite par le Christianisme ;

Dans ce contexte, est-il anormal que des personnes qui appartiennent à d'autres religions éprouvent de la difficulté dans leur quotidien ? Sur quelles bases pourrions-nous leur refuser le droit de voir ôter ces obstacles ? La diversification religieuse que la France a connu depuis un siècle doit être pris en compte afin de ne pas créer une catégorie de citoyens qui se sentent opprimés et peu respectés dan leurs croyances religieuses.
Le « problème » musulman
Même si notre réflexion concerne la totalité des citoyens français, nous devons admettre que très souvent, les demandes d'accommodements raisonnables sont le fruit de personnes de religion musulmanes. Les plus récents évènements (port du foulard, prières dans les rues, viande halal...) concernent la communauté musulmane.
Ainsi, devons-nous penser que cette communauté possède certaines caractéristiques qui lui sont spécifiques (exigences de la religion, impossibilité d'atteindre un compromis, moindre désir de s'intégrer...) ? Nous ne le pensons pas.
De fait, si l'on compare la communauté musulmane – ses traditions, sa façon de vivre, les spécificités de sa religion – avec la communauté juive, les différences sont suffisamment nombreuses qui expliquent les raisons pour lesquelles ces deux communautés sont mises devant des défis peu semblables.
Les Juifs religieux respectent d'une façon stricte la non-mixité hommes-femmes dans la plupart des aspects de leur vie. Pour la quasi-totalité d'entre eux, cette réalité représente un obstacle infranchissable quant à leur participation à un système public d'éducation. En d'autres termes : si le débat sur le port de symboles religieux dans les écoles concerne avant tout les Musulmans, c'est que les Juifs religieux n'y envoient pas leurs enfants.
Une femme juive religieuse se couvre la tête, comme le font les femmes musulmanes. Cependant, dans le cas de femmes juives, une perruque est acceptable. Ainsi, malgré la loi française qui interdit le port de signes dans les écoles, une femme juive religieuse peut s'y rendre avec sa perruque sans être remarquée.
Les Juifs possèdent des interdictions plus strictes que les Musulmans en ce qui concerne la nourriture. Ainsi, si un Juif religieux peut manger uniquement les aliments qui lui sont permis, il faut ces aliments aient été préparés et cuits dans des récipients qui n'ont accepté précédemment aucun aliment qui lui est interdit. Cela interdit aux Juifs religieux la possibilité de manger dans les cantines des écoles, les restaurants d'entreprise... Ainsi, nous n'entendons jamais parler de demandes spécifiques de la part de Juifs pour les repas qui sont servis dans les écoles... car ils n'y mangent pas.
Enfin, il existe une différence importante : celle du poids démographique. Si les juifs représentent environ 0,1% de la population française, les Musulmans représentent entre 5% et 8%. Il n'est donc pas étonnant que les demandes d'accommodements soient plus nombreuses de la part des Musulmans que celles qui émanent des Juifs.
Ces exemples – et bien d'autres – démontrent que nous ne devons pas penser à une certaine intransigeance de la part des Musulmans de France, ni à une absence de vouloir adopter les valeurs de la République. Plutôt, nous sommes face à une communauté dont le poids démographique est significatif et qui possède ses propres règles religieuse.
À suivre...
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mardi 19 février 2013

Affaire Mohammed Al Dura : que disent les experts ?


(Pour faire suite à mon article publié il y a quelques jours à propos de l'affaire Mohammed Al Dura, je vous propose de lire cette analyse intéressante publiée par le site JuriGuide qui étudie l'actualité juridique.
Après avoir retracé la genèse du procès, nous nous pencherons sur les incohérences que les différentes analyses balistiques et médicales ont mises en lumière. Pour prouver sa bonne foi Philippe Karsenty était tenu, entre autres conditions, de mener une enquête préalable sérieuse. Les recherches du prévenu se sont donc appuyées sur l’analyse méthodique des informations relayées par France 2 à propos des faits survenus le 30 septembre 2000.

La version de France 2 est la suivante : les soldats israéliens, situés à 80 mètres du père et de l’enfant ont délibérément tiré de manière continue et pendant 45 minutes sur leur cible. Le père a reçu 12 balles d’armes de guerre et a été grièvement blessé tandis que la fusillade a eu raison de l’enfant dont le corps a été perforé par 3 balles.



Un rapport balistique en contradiction avec les déclarations du caméraman Talal Abou Rahma

Mettons pour l’instant de coté les doutes concernant l’authenticité des images et concentrons nous sur les expertises factuelles, à commencer par le rapport balistique. En observant les reconstitutions visuelles de l’affrontement qui opposait Israéliens et Palestiniens ce jour là, on s’aperçoit que la position israélienne se situait de l’autre coté du carrefour de Netzarim. Si les balles provenaient DU FORTIN israélien, leur trajectoire biaisée aurait dû griffer le mur et non lui imprimer des traces rondes et nettes comme c’est le cas sur les images du reportage.

En outre, on observe également que les balles sont pour la majorité localisées à gauche et à une distance respectable du père et de l’enfant. Or à 80 mètres de distance, sur une cible fixe, un tireur entraîné loge 100% de ses balles dans un cercle de 10 centimètres de diamètre. Que dire alors de 45 minutes de fusillade intempestive au cours de laquelle Talal Abou Rahma affirme que des centaines de coups ont été tirés ?

Des corps anormalement résistants aux balles

Quand on regarde le corps des deux victimes, on n’aperçoit pas de traces de sang, ni sur les vêtements, ni sur leur corps, ni sur le mur. Les experts médicaux sont pourtant formels, et le bon sens aurait suffi à arriver à la même conclusion. Selon le rapport du médecin qui a examiné le corps de Mohamed, le garçon aurait été touché de face à la poitrine par des balles transfixiantes. Les sorties de ces balles provoque habituellement un flot sanguin qui aurait du être visible sur les images du reportage.

Jean-Claude Schlinger, expert balistique près la Cour d’appel, déclare à ce propos : « Si la blessure au ventre avait été transfixiante comme le déclare un médecin, des projections de sang et de chair seraient visibles sur le mur, ce qui n’apparaît pas sur les photographies couvrant les dix secondes qui suivent le reportage de France 2. »

Même constat pour le père qui aurait reçu 12 balles selon France 2. Ses interviews dévoilent les cicatrices de son avant-bras droit dues à la fusillade. Elles sont rectilignes, ce qui ne correspond pas à des impacts de balles.

A ces nombreuses invraisemblances s’ajoutent la rétention d’images de France 2, les rétractations du caméraman ainsi que les incohérences des médias concernant la mort de l’enfant. Eclairages à venir dans nos prochains articles.
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lundi 18 février 2013

Accord de paix : propositions


Tandis qu'Israël est entrain de se doter d'un nouveau gouvernement – et que les Palestiniens ne s'entendent toujours pas entre Hamas et Autorité palestinienne – je n'oublie pas que le plus important sera pour les parties concernées d'atteindre la paix. Cette paix, Israël la mérite depuis 1948, date à laquelle l'ONU a confirmé sa déclaration d'indépendance et que les Arabes ont combattue ; le peuple palestinien la mérite, lui qui a eu le malheur d'avoir des leaders qui ont toujours été intéressés à d'autres objectifs que la paix. 
Le président américain Barack Obama a déclaré récemment qu'il se rendrait dans la région au mois de mars. L'occasion doit être saisie pour relancer un processus de paix moribond. Pour cela, il faudra convaincre les leaders politiques israéliens que le statu quo ne peut plus durer, pour le bien du peuple palestinien avant tout, mais également pour les Israéliens eux-mêmes. D'autre part, il faudra convaincre les leaders politiques palestiniens de choisir le chemin de la paix. Pour le Hamas, ses dirigeants devront décider de mettre fin à leur volonté d'éradiquer l'État d'Israël – ce qui signifie cesser la lutte armée et reconnaître l'État hébreu – et pour l'Autorité palestinienne, il faudra que Mahmoud Abbas ait le courage de désavouer le Hamas – si celui-ci continuait sur son chemin actuel – et de retourner à la table des négociations qu'il a abandonnée depuis plusieurs années.


Je présente ci-dessous ce qui serait mes propositions au Président américain si j'étais son conseiller. En agissant de la sorte, j'utilise le privilège du citoyen du monde qui possède un accès à internet et la possibilité d'exposer ses idées sans être menacé d'aucune sorte. Ses propositions sont évidemment ouvertes aux critiques constructives ; leur caractéristique est de se vouloir réalistes et de mettre la notion de compromis au centre des pourparlers. (Pour avoir plus d'explications à propos de ma démarche, on peut lire ce texte.)

Présupposés
  • Les parties prenant part aux négociations adhèrent au concept de « deux nations, deux États » qui signifie la reconnaissance mutuelle et le droit des deux parties à vivre dans leur propre pays. Du côté palestinien, cela exclut pour l'instant le Hamas, tandis que du côté israélien, le premier ministre Benyamin Netanyahou devra s'assurer que ce concept recevra un accueil positif (c'est-à-dire majoritaire) à la Knesset.
  • Les parties s'engagent à faire ratifier par leur parlement respectif l'accord qu'elles auront signé.

Points de négociation
1. Limites territoriales de 1967
Les futures frontières entre les deux États devront suivre à peu de chose près les limites tracées après le conflit de 1967 (accord de principe de Mahmoud Abbas).

2. Statut de Jérusalem
La ville de Jérusalem doit être la capitale des deux pays. Cela signifie que ce qu'on appelle aujourd'hui « Jérusalem-est » deviendra la capitale de l'État de Palestine (accord de principe de l'ancien premier ministre israélien Ehud Olmert)1.

3. Droit de retour des réfugiés palestiniens
Les deux parties discuteront d'un accueil symbolique en Israël d'un nombre limité de familles palestiniennes2 originaires de ce qui est aujourd'hui l'État d'Israël. À l'exception de ce geste symbolique, la partie palestinienne accepte d'abandonner la revendication du droit de retour des Palestiniens3.

4. Sécurité des Israéliens au sein de l'État palestinien
Les deux États s'engagent à assurer la sécurité de tous leurs citoyens, sans égard pour leurs croyances religieuses. Conséquemment, il sera offert aux Israéliens qui vivent aujourd'hui dans ce qui sera le futur État palestinien d'obtenir la nationalité palestinienne. Leur sécurité sera – d'une façon provisoire – assurée conjointement par les forces de police palestinienne et israélienne.

5. Levée du blocus de Gaza
Dans les jours qui suivront la signature par les deux parties du traité de paix, Israël mettra fin au blocus de la bande de Gaza (c'est-à-dire du contrôle de l'espace maritime de la bande de Gaza.

Alternatives au traité de paix 
Dans l'éventualité où ce traité de paix ne pourrait pas être signé par les deux parties4, il sera mis fin aux négociations entre celles-ci. Il sera alors demandé à la communauté internationale (à travers le Conseil de sécurité de l'ONU) de reconnaître les frontières actuelles de l'État d'Israël – avec la ville de Jérusalem en sa totalité comme capitale de cet État – comme définitives. En même temps, il sera laissé aux Palestiniens le choix de choisir leur préférence : un État palestinien qui inclurait les territoires actuels de la bande de Gaza et de la Cisjordanie, d'envisager une annexionde la bande de Gaza par l'Égypte, de créer une confédération entre la Cisjordanie et la Jordanie ou d'autres éventualités qui pourront voir le jour.
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Notes
1 Pour les Israéliens, cet aspect du traité sera certainement le plus difficile à faire accepter par leur parlement. Nous pensons toutefois que cela sera possible en considérant l'effort demandé aux Palestiniens en ce qui concerne le droit de retour des réfugiés (voir point suivant).
2 Un accord devrait intervenir sur l'accueil de quelques centaines de familles.
3  L'origine précise de l'existence des réfugiés est un sujet qui ne fait pas l'unanimité chez les historiens. Dans tous les cas, dans la mesure où un effort important est demandé à la partie israélienne en ce qui concerne le statut de Jérusalem, il est demandé un effort tout aussi conséquent aux Palestiniens.
4 Vraisemblablement à cause du refus israélien de séparer la ville de Jérusalem ou le refus palestinien d'abandonner la revendication du droit de retour pour les réfugiés.
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